19 novembre 2006

Entre-actes

Cette semaine, à mon grand désespoir, je ne pourrais pas diffuser le 3éme épisode de Lost City. Ce n'est que partie remise et en attendant, je vous propose un interlude musical, que voici :



A très vite :)


12 novembre 2006

Ma vie à Lost City : Episode II


Résumé : alors comme ça, tu es revenu, l'ami ? Lost City ne t'a toujours pas fait fuir ? Ta curiosité, sais-tu, pourrait bien te nuire... Mais SOIT. Cale-toi bien dans ton siège, respire profondément et ouvre grand les yeux : je t'emmène avec moi hors de la réalité, dans un monde déchu qui subsiste, une cité abandonnée où l'homme est un loup pour l'homme... et surtout pour la femme (1). Ici, les règles sont différentes de celles de la vraie vie. Toi, stagiaire, tu ne pourras ni entrer, ni sortir de la ville après 22h30. Et toi, femme de ménage, il te faudra suivre un entraînement intensif avant de nettoyer les toilettes collectifs. Tu l'auras compris, étranger : qui que tu sois, réfléchis à deux fois avant de franchir les portes de


LOST CITY

(la cité perdue de la peur qui est vraiment perdue et qui fait vraiment un peu peur)


8ème jour : le ciel se couvre

Après un week-end en [enfer] famille, je suis de retour à Lost City et ça ne me déplaît pas. Ici, tu es seul... et c'est bien aussi. Toutefois, un pressentiment néfaste de mauvaise augure qui fait office de présage inquiétant (moi, je redonde ? Pfff) s'immisce lentement dans mon esprit : je la sens mal, la semaine qui vient... L'instinct animal avait déjà pris le dessus sur l'être raisonné, un peu plus tôt dans la journée, lorsque je dût choisir la musique à emporter pour la semaine : Bjork, Andrew Bird et Thom Yorke. Du pas vraiment gai. L'appel du coeur, maybe.

9ème jour : il commence à faire froid

Une nouvelle arrivante dans notre section. Je suis contente qu'elle soit là, c'est une brise discrète, certes, mais bien présente, de renouveau. Notre groupe a pris son rythme mais elle va s'y faire. Quelques autres la jaugent un peu froidement... mais ils vont s'y faire.
Les personnalités se découvrent un peu plus et je doute que nous restions soudés longtemps. La journée se passe tranquillement mais quelques signes de tension apparaissent. A la sortie des cours, nous nous installons à l'extérieur, avec un jeu de société et des tasses brûlantes de tisane. L'idée était bonne mais l'ambiance beaucoup moins.
A Lost City aujourd'hui, rien d'incroyable si ce n'est les rapports humains. La Terre tourne et nous, comme tout le monde, nous continuons d'avancer.

10ème jour : la fatigue, c'est mauvais pour la santé

Je suis en mode veille. Très fatiguée. Et le groupe, par conséquent, commence à me taper sur le système. J'entends les personnes, autour de moi, qui crient leur douleur : "Aide-moi ! Regarde-moi ! Dis-moi que j'existe !". J'écoute. A l'image des sirène antiques qu'il ne fallait pas regarder, je me laisse séduire et je contemple ces blessures. En vérité, je m'en sers un peu : pour comprendre, ressentir, retranscrire. Mais une fois que l'on s'y plonge, comment en sortir ? Où puis-je trouver un casque avec le contrôle du volume ?
Ces appels répétés sont détournés, émis en biais. Passage obligé : en version Brut, nos souffrances, celles qui fermentent dans l'égout de nos tripes, nous éclabousseraient la figure, et celle des autres avec.

11ème jour : ici, c'est chez Gégé, pas chez Mémé

Ce matin, comme tous les matins, Sylvain comptait se préparer le p'tit déjeuner dans sa chambre. Mais il manque quelque chose : son four à micro-ondes. Il est rentré tard hier soir et il n'a pas vraiment fait attention. Il n'y a pas d'effraction et sa belle playstation est intacte. Il n'est plus vraiment serein, Sylvain. Lost City sortirait-elle les griffes ?

Soirée au foyer. Il fait froid, il n'y a pas de musique, l'ambiance est glauque mais c'est le seul endroit où on peut se réunir en-dehors des cours. On s'entête à essayer de réchauffer les lieux mais Lost City n'ouvrira pas ses bras. Alors tout le monde vient, vit et repart comme un étranger. Nous avons tous l'impression d'être les malvenus, les intrus, les brigands. Ici, nous somme tous des Wanted.




12ème jour : gastronomie et décoration

Ca sent le saucisson à l'ail dans mon couloir. Fallait que j'en parle.
Sinon, en arrivant aux toilettes, à midi :




Maintenant que j'ai pris de la bouteille, je sais ce qu'il faut faire. Je lève la tête :



Je crois que l'architecte, dans les années 70, a mis en place une technologie révolutionnaire : le toit ouvrant à grande échelle, pré-programmé à long terme, avec ouverture façon lépreux...

13ème jour : où est la sortie ?

Je n'ai qu'une seule envie, qu'un seul espoir : me barrer en week-end. Mais pour aller où ? Un grand homme m'a dit un jour : "Il faut savoir résister à la maladie des autres". Résister oui, mais comment ?

Et bien voilà, c'est tout pour cette semaine. Si vous pensez que le plafond va encore se petit-suicider sur le carrelage des toilettes, tapez 1. Si vous souhaitez intégrer l'aventure "Survivor", tapez 2. Sinon, Natou va-t-elle revenir en troisième semaine avec la pêche et la papaye ? Si le frappeur de tuyaux court toujours, qu'en-est-il du voleur de four qui renie les consoles de jeu ? Et surtout, surtout, y aura-t-il, bordel, du hachis-parmentier à la cantine ? Toutes les réponses à ces questions insoutenables dans le prochain épisode de


LOST CITY

(la cité perdue de la peur qui est vraiment perdue et qui fait vraiment un peu peur)


NB qui n'a rien à voir avec tout le reste SAUF le pessimisme : j'étais très contente cette semaine de constater la victoire des démocrates aux Etats Unis. J'ai pensé que c'était un premier pas. Et puis j'ai regardé Lord of War. Un premier pas vers quoi ? Le monde ne changera pas d'une brindille. Nous sommes des humains. Rien de moins, mais rien de plus non plus.

(1) : private joke dédicacée à Vanounette.


04 novembre 2006

Ma vie à Lost City : Episode I


Résumé : pendant deux mois, pour me former à un métier, je pars vivre à Lost City. Au coeur de cet endroit étrange où personne ne sourit, certaines règles sont différentes de celles de la vraie vie. Toi, Homme, tu n'auras pas le droit d'entrer dans le bâtiment où logent les femmes. Et toi, Femme, tu ferais bien de ne pas trop traîner le soir, sur les parkings mal éclairés. Ici, ça ne rigole pas. Tu l'auras compris, l'ami : qui que tu sois, tu n'es pas le bienvenu à


LOST CITY

(la cité perdue de la peur, qui fait vraiment un peu peur)


Jour 1 : l'immersion

A l'arrivée, on m'a remis une sorte de kit : draps, couvertures, rouleau de papier-toilette... Cette pile d'affaires impersonnelles sur les bras, je suis entrée dans une chambre sombre avec l'impression passagère d'arriver à l'armée. Ou en prison.
Devant moi, quatre murs poussiéreux mais corrects. Trous et tâches fignolent une déco plutôt épurée... quant aux traces non identifiables, elles doivent probablement appartenir à l'ancienne locataire. La vue, elle, est carrément jolie.

Un peu plus tard, posée sur le lit, j'ai regardé autour de moi... waouw, tout est étranger.

Lorsque on se retrouve face au vide, à ce qui n'est pas connu, certains choses, qui sont familières au quotidien, se décuplent en leur essence. Ecouter une chanson ou lire un bouquin, cela peut devenir un instant dément.
Je crois que si l'on aime voyager, se dépayser vraiment, c'est aussi pour ça : on ressent les faits, les gens, les lieux, à la puissance 10.000 ; on redevient plus instinctif, coupé de ce que l'on connait, de ce que l'on voit, renifle, touche ou entend tous les jours. Une sensation intense, sensuelle et très rare ; des émotions contradictoires qui se couplent, se mélangent, se confondent : peur et envie, trouble et sérénité, vide et liberté.

Jour 2 : c'est vraiment la fête, chez Gégé

Elie, l'animateur socio-éducatif, nous explique, à nous les nouveaux, comment fonctionne le centre et ce qui nous attend en dehors des cours. Son visage est subtil, souriant et fermé à la fois. Je comprend vite pourquoi. Il nous parle des vols dans les chambres, plutôt chez les hommes et plutôt le week-end ; il se marre en notifiant que les voitures garées dans les parkings trop sombres, ici on les retrouve désossées ; il fait une boutade sur l'électricité que l'on coupe la journée, dans les chambres, pour éviter le squattage.

Puis il fait la liste de ce qui est interdit : se faire à manger chez soi (la cantine est là pour ça), héberger quelqu'un de l'extérieur, jeter des déchets par les fenêtres, avoir une arme... il fait rire tout le monde. Mais tout cela est très sérieux et pour nous le prouver, Elie illustre ses propos avec des anecdotes peu rassurantes. Il ne veut pas être rassurant, Eli. Je crois qu'il veut nous prévenir, en fait. Il n'a peut-être pas tort.

Jour 3 : premiers abandons

Au sein de ma section, les visages deviennent familiers, les langues se détendent, les regards s'apaisent... à peine. Est-ce dû à l'étrangeté du lieu ? Nous étions 9 à rester dormir sur place au début mais Julien est parti : sa chambre, encore plus miteuse que les nôtres, et l'accueil chaleureux de ses voisins de couloir y sont sûrement pour quelque chose.

Jour 4 : tous sains

Jour férié passé en groupe. On s'est décidé pour du tourisme en ville, histoire de sortir un peu du centre. On ne se connait pas bien mais on se colle les uns aux autres, parce qu'à Lost City, l'atmosphère, elle est tendue.
On a fait connaissance avec la vieille ville, c'est-à-dire 3 rues. Il y avait un grand étang pas loin. Vaguelettes nerveuses, mouettes speedées, vent dingue et soleil couchant ; la vie m'a fouetté le visage... On a terminé dans un Pub, fatigués et bien calmes. C'etait une belle journée. Une journée passée sous le soleil et contre le vent (le vent, il est pas timide, ici). J'ai pris quelques photos vite fait.




Jour 5 : observations

Je commence à comprendre comment fonctionne Lost City. Ici, la fracture sociale se laisse entrevoir et au premier abord, c'est pas vraiment attrayant. Mais je suis contente d'être là. J'espère tirer quelque chose de tout ça.

Jour 6 : dernier jour

A 6h du mat, en arrivant aux toilettes :




C'est quoi donc, ce machin... idée ingénieuse, je lève la tête :



Ah d'accord... ben c'est pour ça alors...

Juste le temps de prendre la photo et je retourne dans ma chambre : avec mon allure de yeti femelle qui vient de se lever, je risque d'effrayer quelqu'un. J'ouvre les stores :



La journée commence bien...

Et bien voilà, c'est tout pour cette semaine. Alors donc ? Ma chambre aura-t-elle été visitée pendant mon absence ? L'un de nous démasquera-t-il celui qui tape sur les tuyaux de canalisations, la nuit ? Y aura-t-il du hachis-parmentier à la cantine ? Et surtout, les irréductibles que nous sommes resteront-ils soudés ? Toutes les réponses à ces questions brûlantes dans le prochain épisode de


LOST CITY

(la cité perdue de la peur, qui fait vraiment un peu peur)



NB (qui n'a rien à voir avec le reste) : la basse (l'instrument) donne de la profondeur à la musique. Sans elle, pas le même relief.