04 novembre 2006

Ma vie à Lost City : Episode I


Résumé : pendant deux mois, pour me former à un métier, je pars vivre à Lost City. Au coeur de cet endroit étrange où personne ne sourit, certaines règles sont différentes de celles de la vraie vie. Toi, Homme, tu n'auras pas le droit d'entrer dans le bâtiment où logent les femmes. Et toi, Femme, tu ferais bien de ne pas trop traîner le soir, sur les parkings mal éclairés. Ici, ça ne rigole pas. Tu l'auras compris, l'ami : qui que tu sois, tu n'es pas le bienvenu à


LOST CITY

(la cité perdue de la peur, qui fait vraiment un peu peur)


Jour 1 : l'immersion

A l'arrivée, on m'a remis une sorte de kit : draps, couvertures, rouleau de papier-toilette... Cette pile d'affaires impersonnelles sur les bras, je suis entrée dans une chambre sombre avec l'impression passagère d'arriver à l'armée. Ou en prison.
Devant moi, quatre murs poussiéreux mais corrects. Trous et tâches fignolent une déco plutôt épurée... quant aux traces non identifiables, elles doivent probablement appartenir à l'ancienne locataire. La vue, elle, est carrément jolie.

Un peu plus tard, posée sur le lit, j'ai regardé autour de moi... waouw, tout est étranger.

Lorsque on se retrouve face au vide, à ce qui n'est pas connu, certains choses, qui sont familières au quotidien, se décuplent en leur essence. Ecouter une chanson ou lire un bouquin, cela peut devenir un instant dément.
Je crois que si l'on aime voyager, se dépayser vraiment, c'est aussi pour ça : on ressent les faits, les gens, les lieux, à la puissance 10.000 ; on redevient plus instinctif, coupé de ce que l'on connait, de ce que l'on voit, renifle, touche ou entend tous les jours. Une sensation intense, sensuelle et très rare ; des émotions contradictoires qui se couplent, se mélangent, se confondent : peur et envie, trouble et sérénité, vide et liberté.

Jour 2 : c'est vraiment la fête, chez Gégé

Elie, l'animateur socio-éducatif, nous explique, à nous les nouveaux, comment fonctionne le centre et ce qui nous attend en dehors des cours. Son visage est subtil, souriant et fermé à la fois. Je comprend vite pourquoi. Il nous parle des vols dans les chambres, plutôt chez les hommes et plutôt le week-end ; il se marre en notifiant que les voitures garées dans les parkings trop sombres, ici on les retrouve désossées ; il fait une boutade sur l'électricité que l'on coupe la journée, dans les chambres, pour éviter le squattage.

Puis il fait la liste de ce qui est interdit : se faire à manger chez soi (la cantine est là pour ça), héberger quelqu'un de l'extérieur, jeter des déchets par les fenêtres, avoir une arme... il fait rire tout le monde. Mais tout cela est très sérieux et pour nous le prouver, Elie illustre ses propos avec des anecdotes peu rassurantes. Il ne veut pas être rassurant, Eli. Je crois qu'il veut nous prévenir, en fait. Il n'a peut-être pas tort.

Jour 3 : premiers abandons

Au sein de ma section, les visages deviennent familiers, les langues se détendent, les regards s'apaisent... à peine. Est-ce dû à l'étrangeté du lieu ? Nous étions 9 à rester dormir sur place au début mais Julien est parti : sa chambre, encore plus miteuse que les nôtres, et l'accueil chaleureux de ses voisins de couloir y sont sûrement pour quelque chose.

Jour 4 : tous sains

Jour férié passé en groupe. On s'est décidé pour du tourisme en ville, histoire de sortir un peu du centre. On ne se connait pas bien mais on se colle les uns aux autres, parce qu'à Lost City, l'atmosphère, elle est tendue.
On a fait connaissance avec la vieille ville, c'est-à-dire 3 rues. Il y avait un grand étang pas loin. Vaguelettes nerveuses, mouettes speedées, vent dingue et soleil couchant ; la vie m'a fouetté le visage... On a terminé dans un Pub, fatigués et bien calmes. C'etait une belle journée. Une journée passée sous le soleil et contre le vent (le vent, il est pas timide, ici). J'ai pris quelques photos vite fait.




Jour 5 : observations

Je commence à comprendre comment fonctionne Lost City. Ici, la fracture sociale se laisse entrevoir et au premier abord, c'est pas vraiment attrayant. Mais je suis contente d'être là. J'espère tirer quelque chose de tout ça.

Jour 6 : dernier jour

A 6h du mat, en arrivant aux toilettes :




C'est quoi donc, ce machin... idée ingénieuse, je lève la tête :



Ah d'accord... ben c'est pour ça alors...

Juste le temps de prendre la photo et je retourne dans ma chambre : avec mon allure de yeti femelle qui vient de se lever, je risque d'effrayer quelqu'un. J'ouvre les stores :



La journée commence bien...

Et bien voilà, c'est tout pour cette semaine. Alors donc ? Ma chambre aura-t-elle été visitée pendant mon absence ? L'un de nous démasquera-t-il celui qui tape sur les tuyaux de canalisations, la nuit ? Y aura-t-il du hachis-parmentier à la cantine ? Et surtout, les irréductibles que nous sommes resteront-ils soudés ? Toutes les réponses à ces questions brûlantes dans le prochain épisode de


LOST CITY

(la cité perdue de la peur, qui fait vraiment un peu peur)



NB (qui n'a rien à voir avec le reste) : la basse (l'instrument) donne de la profondeur à la musique. Sans elle, pas le même relief.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

ça fait envie ta façon de raconter,on s'y croirait..
bon courage pour cette semaine

Anonyme a dit…

d'accord avec toi pour la basse, un instrument auquel on prête trop peu attention et qui est pourtant un pillier du morceau au même titre que la batterie.
je sais c chiant mais j'ai trouvé que ça à dire.
Sinon vivment la suite de lost city, chuis aux taquets!!
Ca me rappelle le suspens insoutenable ressentit, quand voyant Brandon, muni d'un manche à ballet cherchait à arrêter l'aventure et voulait parler à Diana, qui elle se faisait #*§^^@@ par une bande de copains sympas et innocents, qui ne cherchaient finalement qu'un gentil petit Gang-bang...
Peut-être qu'on lui aurait mentit à Brandon, peut être même à son insu??? ; putain c'est prenant ces tv-réalités...
Enfin bon, sinon bon retour à Lost City et sans déconner, vivement le 2nd épisode...

Anonyme a dit…

mon boudin !! tu es drôle tu sais ? Ben oui tu sais. Tu es ta première fan non ? Et moi, la deuxième ! Ca m'a fait plaisir de lire ton récit de semaine à Lost City, toujours avec cette même dérision, ce même recul face aux choses. Courage mon boudinet pour toutes les autres fuites qui vont suivre, les vols, le vent, etc...