02 juin 2007

Bernard

Bernard est accoudé au bar. Ses yeux humides fixent la veille bouteille de sirop-menthe posée sur l’étagère, derrière le comptoir. Ce sont ces fameuses bouteilles de sirop, en verre, que l'on retrouve dans tous les bars et qui sont recouvertes d'une poussière qui colle aux doigts. Ca se voit d'ici qu'elle colle aux doigts et on se demande si le sirop à l'intérieur n'est pas tout pourri.

Cette bouteille de sirop-menthe toute moisie, ça lui rappelle sa jeunesse à Bernard. Ca fait chier ça, les souvenirs... mais c'est trop tard, il a suffit d'un seul regard, un p'tit instant et cette jolie bouteille toute pourrie lui a pincé le coeur de nostalgie. L'oncle à Bernard tenait un bar près de la gare avec des vieilles bouteilles de sirop qui collent aux doigts, c'est pour ça.

Il aime pas ça Bernard, regarder le passé. Il préfère être bourré à vrai dire, pour pas penser à grand chose et dormir comme un porc. Mais bon, là c'est trop tard, il réfléchit. Alors il s'est rappelé de son oncle qui était moche, et vieux et con. Fallait aller manger dans son bar tous les dimanches midi et ça puait le cigare dans ce bar, et ça puait le chien aussi, ça puait la tristesse et la nostalgie avec tous ces connards accoudés au bar qui bougeaient plus leur cul depuis un bail.

Quoiqu'il en soit, Bernard a les yeux humides. Imbibés d'alcool ou de sensibilité, on sait pas trop mais ça lui donne un petit regard vitreux. Et c'est pratique, les yeux vitreux... ça fait comme un miroir et la cruauté du monde, du coup elle n'entre pas. Ou si peu.

C'est pratique aussi d'être bourré. Ah, faut dire ce qui est ! Ca pique la gorge mais ça détend les tripes. Enfin, au début surtout. Au début c'était vraiment bon. L'alcool, ça lui anesthésiait les brulûres alors il pouvait se marrer et surtout, il pouvait oublier. Mais maintenant, c'est Bernard tout entier qui est anesthésié. Du coup, il a plus rien à raconter vu qu'il est tout le temps bourré et c'est pour ça qu'il n'aime pas les souvenirs, ça lui rappelle sa vie d'avant... celle qui existait quoi, quand il ne buvait pas. Enfin pas trop, juste assez, juste un peu pour être au chaud.

Et oui, Bernard c'est un alcolo. Ah, faut dire ce qui est ! Y a des gens qui disent qu'il sent mauvais, d'autres qu'il n'a pas le teint frais mais qu'est-ce que ça lui fout à Bernard, ce que les autres disent ? Ben oui mais ça lui fout quand même un peu au fond. Au fond, il aimerait bien être aimé lui aussi, comme tout le monde mais l'amour c'est un marché et Bernard, franchement, il ne sait pas trop négocier. Alors à mal aimer les gens, avec sa gueule démontée et son haleine épaisse qui sent la solitude, ben les gens le lui rendent comme ça. Même pire même, parfois.

Bernard, on ne l'aime pas et d'ailleurs, on ne le regarde pas. Faut dire ce qui est, hein... Lui, il peut fixer une veille bouteille à la con pendant des lustres, ben elle, elle ne le regardera pas. Et c'est pareil avec les gens quoi. Je me demande d'ailleurs si on savait... si on savait ce qu'il a mal au fond, ce qu'il est seul ce con, peut-être qu'on le regarderait d'avantage, qu'on lui trouverait quelques reliefs attendrissants. Mais il est si vide maintenant... aussi vide que les bouteilles qu'il se descend tout le temps.

Faut pas s'en faire vous savez, parce qu'on ne peut pas vraiment l'aider. Lui et nous, ce n'est pas la même vie, voyez, ça ne se mélange pas, c'est pas comme le Rhum et le Coca. On ne se mélange pas et c'est bien mieux comme ça. Il ne manquerait plus que ça tiens, tendre la main à un être vain...

Je vais y aller d'ailleurs, j'ai d'autres tristesses à aller saluer. Mais je vous le répète, ne cherchez pas, un truc comme Bernard, ça ne se mélange pas. Ah, faut dire ce qui est hein... et c'est bien mieux comme ça.

14 mai 2007

La présidentielle, en quelques mots

Bon, je vais être brève (j'en ai tellement parlé avec... un peu tout le monde en fait). Je suis dégoutée évidemment, je n'aime pas les idées de l'homme, et je n'aime pas l'homme non plus (pour ce que j'en connais), malgré, c'est une évidence, un charisme et une maîtrise de la communication indéniables.

Ce qui me fait réfléchir, surtout, c'est le choix du peuple, de mes congénères quoi. Je serais tentée de penser que beaucoup de gens n'ont pas vraiment réfléchi, ont fait un choix médiatique et non politique mais ce serait trop simpliste.
Le problème, c'est que je n'ai pas envie de croire non plus qu'une majorité de français considèrent sincèrement qu'il y trop d'assistés dans notre société.
Et encore moins qu'une certaine dimension sociale, collective, de solidarité passe après les intérêts individuels, de gagner plus par exemple.

De l'autre côté : le Parti Socialiste français, aujourd'hui, me paraît lamentable, vieux, déconnecté, décevant... Ségolène Royal ne m'a pas soulevée le coeur mais je la préfère, sans conteste, à un Hollande, un Strauss-khan, un Fabius, un Jospin (on ne devrait même plus le citer) .

Bref, il reste les législatives (top, lol)

Pour conclure, face aux gagnants, je reste aux taquets, surveille les lois qui vont passer, les discours qui vont être prononcés... mais certainement pas plonger dans une passivité pendant 5 longues années.

J'aurais sûrement l'occasion de reparler élection, puisque suis actuellement en stage dans une association pour les chômeurs et précaires et ceux qui y bossent la sentent bien, eux, la réalité d'hier et celle qui vient de passer.


01 mai 2007

Petit essai...

... de mini-bd avec mon frérot. Il a le stylo agile, comme sa compagne. Vous invite à faire un tour sur leur blog tounouvotoubo (clic sur le titre).

(et là tu clic, clic, clic sur l'image pour la voir en grand)


27 avril 2007

Le peuple est roi ?


Sûr oui ! Au moins depuis... un mois ?
Certes, certes... le 1er tour est passé et le grand winner de la soirée c'est... le taux de participation évidemment (hihi), les français sont si... français ; j'aime beaucoup ça.

Mais encore. Au coeur du débat : le citoyen, icône traditionnellement très "in" mais uniquement en période électorale, qui est sur le devant de la scène depuis un petit bout de temps. Depuis 2002 peut-être ; ben oui, faut se rappeler à l'époque, une radicalité certaine est arrivée au 2nd tour de la présidentielle et c'est alors qu'on se demanda : "Mince, où est-il le citoyen, celui qui tient la démocratie entre ses mains ?" (La tient-il réellement, d'ailleurs ?)

Bref, depuis un mois, oui, ledit citoyen est chouchouté par nos politiques, on le flatte, le rassure, l'encourage... en d'autres termes, on l'aime. On nous aime. Mais pour combien de temps ?
Et bien... il semble (malheureusement, ce n'est pas une certitude) que les choses évoluent un peu, et ce, notamment par le biais d'un certain Bayrou qui s'est montré, le soir des résultats du 1er tour, plutôt... très fin, en annonçant fièrement quelque chose comme "Nous avons gagné. Plus rien ne sera comme avant". Depuis, le fougueux s'immisce donc (s'incruste ?) dans la confrontation attendue gauche-droite, pour ouvrir le débat (à moins que ce ne soit pour choper quelques places de choix... probablement un peu des 2) et du coup, ben du coup le débat s'ouvre.

Enfin, il s'ouvre... surtout coté PS en fait (ça les arrange un peu, faut dire) parce que l'Ump, et en particulier son candidat, n'ont pas l'air d'apprécier le 3ème Homme de la situation, celui qui a surgit hors de la nuit, pour faire (quand même) l'aventure au galop. En vrai, je crois qu'il boude un peu, Nicolas. "Mais heu, c'est pas du jeu. On devait être que tous les deux d'abord, il a rien à faire là, lui là-bas". Il a la contrariété mauvaise, je l'en remercie car ça fait longtemps : que l'on retrouve un peu de Nico dans cette élection, qu'il redevienne naturel, bordel. Où est-il passé, le bon vieux temps de son ambition débordante et de ses appréciations simplistes et sectaires, le bon temps où il était gracilement grossier et colérique ?

Je ne m'attendais pas à ce petit virage (ma réfléxion politique est assez limitée mais ça fait toujours bien de dire ça) et aujourd'hui, je suis agréablement surprise par ce qui se joue, un espoir peut-être, de malice, d'écoute active, d'élan nouveau...

Moi, naïve ? Peut-être, mais j'ai envie d'imaginer... une politique plus noble pour le peuple, une politique qui, si elle s'unifiait d'avantage, pourrait bien servir d'exemple (une fois n'est pas coutume).

Fin bon, qui vivra... vivra. Une petite note sans gravité pour souligner le mouvement (l'évenement ?) qui se déroule en ce moment. De la fraîcheur politique sans agressivité, du moins de mon petit point de vue.

Sur ce... bonne journée.


22 avril 2007

D-day, doody, doo D-day

Il est bientôt 2 heures du mat et dans quelques heures je vais aller voter. La campagne présidentielle s'est achevée vendredi soir ; depuis, interdiction dans les médias de faire parler les politiques et je me demande si c'est pour que les électeurs aient le temps de poser leurs idées et faire leur choix en toute sérénité. L'électeur serait-il chouchouté ?

Bizarrement et seulement maintenant, je sens que ma voix, ma toute petite voix va peser autant que celle de n'importe qui. L'urne magique reste peut-être encore l'un des derniers lieux d'égalité entre les personnes de ce pays*. Qu'importe ta gueule, ton boulot, ta bagnole ou ton cerveau. Demain, dans l'espace clos, tu ne seras qu'électeur. Tu seras peut-être un cri ou seulement un murmure, mais qui ne sera, ni compté à demi, ni compté pour deux ; tu vaudras autant que l'homme que tu hais et autant que celui que tu admires.

Un jour maybe, quand la démocratie n'existera plus, l'urne sera statufiée, il y en aura dans toutes les communes, sur toutes les grandes places de toutes les villes et nous viendrons y déposer des offrandes, des petits bouts de papier souffreteux, couverts de notre misère.

Si le pouvoir de l'urne est si grand, si noble, si juste, pourquoi n'y croyons nous plus ? S'agit-il d'eux, les politiques, ou s'agit-il de nous ? Et si c'était nous qui avions changé avec notre société ? Ne devenons-nous pas plus paresseux, ou plus exigeants, nous qui vivons au travers de la consommation ? Car la belle Dame sait nous promettre, elle. Et pas n'importe quoi : le meilleur du meilleur... mais pour moi, encore moi et rien que moi.
Qu'attendons-nous au fond ? Un monde meilleur ou une belle petite politique ? Qui pourrait être par exemple plus divertissante, ou plus allégée, ou plus sexy... ou au bon goût de fruits.

A quelques heures de ma prise de position, je me questionne... serais-je à la hauteur ? Ai-je vraiment bien réfléchi ? Et en pensant à qui ? La conclusion, en définitive, c'est qu'on peut bien se dire qu'ils sont tous pourris, ou que ce sont les grandes entreprises qui décident, ou encore que ça ne changera pas grand chose... mais franchement, nous les gens, prenons-nous réellement le temps de penser notre société ? Pour la construire ou la reconstruire ? Pour décider que ces candidats sont légitimes, ou ne le sont pas ?

Pour ma part, je n'ai pas pris grand chose. Juste assez pour ne pas avoir de remords. Et ce soir, ça me semble un peu insuffisant. Mais je vais aller voter quand même. On ne sait jamais. Dès fois que ça disparaîtrait...


* Presque toutes.

15 avril 2007

Eloïse

Eloïse est assise dans un coin de son appartement. Elle est par terre ; elle préfère, pour pleurer. Ca va sûrement passer -ça passe toujours- mais c'est pas pour tout de suite, ça c'est sûr, parce que ce soir elle se noie dans sa tristesse et du coup, ça déborde. Attention, je parle de la tristesse de haut niveau hein, celle qui est largement en dessous de zéro. C’est pas celle qu’on règle d’un p'tit coup de cerveau bien pensé, ça vient du très profond voyez, de là où on ne peut pas vraiment raisonner.

Eloïse est faite ainsi. Son âme est particulièrement jolie, quelque chose de l’ordre d’une pépite. C’est un peu dû au hasard de la personnalité, cette beauté, mais faut dire la vérité, c'est aussi parce qu'elle en a chié. D’ailleurs, si elle ne s'était pas faite écrabouillée il y a quelques années, elle n’aurait pas autant de valeur aujourd'hui. C'est l’étrangeté de la vie, ça. Parfois, les gens qui ont beaucoup souffert deviennent quelque chose de vraiment meilleur, une exception de finesse dans ce monde brutassier. Je vous l’accorde, c’est assez paradoxal comme idée, mais à bien y réfléchir, ce doit être cela qu’on appelle Alchimie : transformer les petits bouts de merde qui nous habitent en éclats de pépite.

Les gens qui connaissent Eloïse savent bien qu'elle est particulière et qu'elle peut supporter beaucoup. Du coup, la plupart s'épanchent sur elle grassement, ils sentent qu'elle peut tout entendre, tout comprendre et donc ils ne l'épargnent pas pour un sou. Mais lorsque c'est elle qui s'effondre -le plus souvent sans raisons, les gens marqués sont comme ça- eh bien personne n'est là, vraiment, pour la ramasser. Parce que quelqu’un de blessé, c’est toujours quelqu’un d’un peu compliqué.

C'est pour ça que pleurer par terre, ça lui plaît bien, à Eloïse. Elle a l'impression d'être un peu moins seule, avec la mère Terre juste sous ses fesses, collée à ses pieds, qui ne la laissera pas tomber. Bon, elle vit au 3ème étage, d’accord, mais par terre, c’est par terre, non ? Oh, je vous en prie, il ne faut pas être si terre-à-terre… hihi.

Je vous vois venir, avec votre petit regard moralisateur, vous êtes en train de penser : « Mais qu’est-ce que t’attend, pauvre buse ? Puisque tu es là, va la consoler ! ». Ah mais je ne peux pas l'aider moi, c’est pas mon rôle je vous f’rais remarquer, je ne suis que de passage, vous savez. Dans cette vie-là ce soir, dans une autre demain, je fais ça de ma vie voyez-vous, je viens regarder ce qui est joli -ou ce qui ne l'est pas d’ailleurs- et puis j’en parle, un peu. Histoire de raconter une histoire, quoi...

Bref, à regarder Eloïse comme ça, je me dis que quand même, l’être humain n’est pas très malin : lorsqu’il découvre un petit trésor, un truc unique qui peut lui faire du bien, la première chose qui lui vient à l’esprit, ce n’est pas d’en prendre soin. Non, il s’agit d’en profiter un max, on est tous comme ça, à se dire qu’un truc aussi bon, faut le bouffer direct parce que vu ce monde à la con, on a bien mérité un petit cadeau. Alors qu’il s’agirait d’être un peu délicat, je ne sais pas moi, commencer par remercier je ne sais quoi d’avoir mis ça sous nos yeux par exemple.

Tiens, je vais faire un peu le papi, mais vous savez, quand j’étais petit, je pensais qu'une fleur, une fourmi ou un caillou, ça ne disait peut-être jamais rien, mais ça pensait beaucoup. Alors je faisais attention à ne pas trop leur manquer de respect, je les câlinais un peu voyez, je leur parlais doucement à l’oreille, parce qu'on ne sait jamais. Un jour, ça peut finir par se vexer et partir loin, si loin qu’après c’est trop tard… on ne se retrouve qu’avec du vide sur les bras. Et croyez-moi, le vide, ça pèse plus lourd que ce qu’on croit.

Bon, c’est pas tout ça mais je vais y aller moi, j’ai d’autres tristesses à aller contempler. Je parle, je parle mais… faut bouloter quand même un peu hein, héhé. Je vais aller chercher d’autres niveaux en dessous de zéro, histoire de raconter d’autres histoires d’âmes en solo. C’est mon boulot. Et pis, vous en faîte pas trop pour Eloïse, elle va reprendre le cours de sa vie. C’est un peu ça, la tragédie : on le sait, qu’elle va aller mieux, alors on la laisse se débrouiller. Remarquez, je suis pas sûr qu'on puisse vraiment l'aider. C'est vrai quoi : les gens blessés, c'est toujours un peu compliqué...

Allez, bonne journée. Et la prochaine fois, j'vous offre le café : c'est plus sympathique, pour discuter.

05 avril 2007

Mon père ce blaireau

Dur d'entamer un message de cette façon mais que voulez-vous, si la nature m'a donné un tas de bonnes choses, elle ne m'a pas vraiment gâtée coté daddy. Non, mon coeur n'appartient plus à papa, ce qui est logique vu les circonstances mais enfin, je ne suis pas là pour rentrer dans les détails...

Mon père est effectivement comme ça : il n'est pas sympa. Et voilà ce qui s'appelle grandir. Savoir dire "Mon père est un blaireau", ce qui n'est pas politiquement correct, mais enfin, il faut arrêter aussi avec ce leurre culturel de longue date : la famille, c'est bien mais dès fois aussi, c'est pourri. Et lorsqu'on parvient un jour à cette grande lucidité, il faut s'armer de courage, oui, car la route va être longue et semée de bûches* avant de parvenir glorieusement, un jour salvateur, à entamer un dialogue posé et réfléchi avec ses parents. Un dialogue qui pourrait, pourquoi pas, ressembler à ça :

"Papa ?

- Oui ??

-Tu me fais chier"


C'est pourquoi, mes amis, je vous invite aujourd'hui à méditer sur la complexité de vos propres rapports familiaux, si, bien entendu, ils ne sont pas déjà simples. Oui, tout de même, il ne faudrait pas non plus se compliquer la vie... enfin surtout lorsqu'elle est jolie.

A bon entendeur,

Bon entendu !**


* : quel joli mot...
** : han, j'l'ai trouvé toute seule, cette feinte. Dingue, non ?


18 mars 2007

Happy Beurps...day

Je suis une sentimentale et je ne peux donc pas évincer ce jour particulier :

mon ch'ti blog, joyeux anniversaire pour ta 1ère année.


11 mars 2007

Edvard Munch

Le Vampire-1893


De retour

Oui, ça fait bien longtemps que je n'ai pas posté ici, la faute à mon destin qui a décidé, après une longue période de disette professionnelle, que je serais désormais une femme surbookée. Je sais, c'est lamentable de se lever tôt tous les matins et de devoir attendre le week-end pour s'immerger abondamment de bière aromatisée... Lamentable, et même intolérable, et c'est pourquoi je compte laver cet affront en tentant très prochainement un Barathon, c'est-à-dire la tournée de TOUS les bars de la ville en une seule fois, et laissez-moi vous dire que ce n'est pas un petit défi, non, c'est même très courageux de ma part quand on sait que l'alcool, contrairement à d'autres chanceux, me ramolli profondément, ce qui est fort injuste vu mon dynamisme naturel. Il est donc peu problable que je remplisse le contrat et me murge de l'heure de l'apéro jusqu'à celle des premières rosées matinales mais enfin, il faut faire des projets dans la vie, voir plus loin que la simple réalité du quotidien, être ambitieux et rêver, oui rêver toujours plus haut, toujours plus fort, viva la Révolucion, à nous deux Barathon.

Sinon, plein de trucs nouveaux dans ma vie mais je ne vais pas en parler ici, non j'ai pas envie et puis quoi encore, je ne suis pas du genre à raconter mes aventures sur Internet, et pourquoi pas tenir un blog pendant qu'on y est ? Ah si, j'ai un truc marrant à dire, cette nuit j'ai rêvé de mon père, je lui parlais au téléphone et prononçais un mot fort troublant à son encontre qui semblait, à ce moment-là, parfaitement adéquat : Enculé.

Ca fait pas très symbolique pour un rêve mais bon, je dormais, je n'étais pas en possession de ma grâce naturelle. D'ailleurs, il paraît que les mots, dans les rêves, ont des sens cachés. Exemple, vous rêvez que vous dites "Un perrier !", eh bien en réalité il faut traduire "Un père y est !". Dans mon cas, ça pourrait donner "En Culée !", Culée étant ici une sorte de région antique comme la Galilée sauf que la Culée, en tant que région propre, ça ne me dit rien. La chose vraiment difficile à accepter, dans toute cette histoire, c'est que désormais j'ai la chanson des rois mages dans la tête.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Sans vouloir être relou, si vous souhaitez, vous aussi, faire partie d'une mouvance protestataire citoyenne, n'hésitez plus, organisez un Barathon dans votre région. A un mois et demi des présidentielles, on peut encore changer les choses, j'en suis sûre. A bon entendeur,

Salut.



18 janvier 2007

Des histoires...


Les yeux fanés mais le front attendri, Manille patiente sagement. Elle est vêtue fort élégamment, aujourd'hui, parce que c'est un grand jour : aujourd'hui, Manille va finir sa vie.

Elle était déjà morte une fois, Manille, c'était à cause d'un homme, un marchand, un bel homme cet Armand, mais on l'avait tué, paf, d'un tir sec, comme ça, dans le dos. Son homme, à Manille, il gagnait beaucoup d'argent, et parfois, de temps en temps, ça peut gêner des gens.
C'est ce qu'elle se répétait, Manille, que parfois, ça arrive de gêner des gens. Elle se le répétait souvent, et même plus que ça en fait, en fait tout le temps, parce que sinon, faut y penser, c'est le monde entier qu'elle aurait pleuré. Et pis, son visage, son beau visage d'hiver... elle nous l'aurait fermé ?
Faut s'imaginer aussi. L'homme qui vous aide à grimper, celui qui vous soigne et qui aime se faire aimer, on vous l'enlève comme ça, en une seconde, ben ça vous casse le coeur et pis c'est tout, y a pas d'après hein, y a ça et pis après on meurt. On meurt du coeur et c'est comme ça. C'est pas comme un moteur le coeur, ça s'répare pas.

Les yeux fanés avec le front qui sourit, Manille patiente, calmement. Elle est vêtue fort élégamment aujourd'hui et c'est très bien : aujourd'hui Manille, elle va enfin vivre sa fin.
Et si elle devait nous dire aurevoir, elle ne le fera pas, mais si elle devait, eh bien elle ne se retournerait pas. Elle est comme ça, Manille... elle aime le cinéma.


07 janvier 2007

Lost City : Episode III


Résumé : il fait froid ce soir… Derrière les murs de Lost City, certaines femmes s’enveloppent fébrilement dans de vieilles couvertures militaires. J’en suis. Accompagnée d’un livre qui tente vainement de m'emmener plus loin que le bout de mon nez, je laisse ma pensée divaguer, se perdre dans les eaux troubles de cette journée. Rien n'a vraiment changé ici mais quelque chose dans l'atmosphère est différent : l'air est moins vif, la solitude moins pertinente, les heures plus lasses. Les cow-boy locaux, avec leurs oeillades baveuses et leurs stratégies de séduction aussi subtiles que celles déployées pour l'élection de Miss France, ne me font même plus sourire. Je dois me rendre à l'évidence : ce quelque chose qui s'est modifié, il ne vient pas d'ici. Ce quelque chose... c'est moi. Aurais-je oublié qu'au-delà des conditions matérielles un peu rudes, c'est bien son endurance mentale qu'il faut savoir forger à

LOST CITY

(juste derrière le pays de Candy, à gauche après la déchetterie)


Avant Noël

Enthousiaste, déchirée, aimante, révolutionnaire, écoeurée, confiante... j'aime vivre ici. Chaque semaine improvise de nouvelles surprises. En voici une : après 1 mois d'inquiétude solidaire pour ce pauvre four à micro-ondes qui avait obtenu les faveurs d'un voleur lâche mais néanmoins minutieux, nous avons découvert avec stupeur que le coupable était... l'administration de Lost City ! Oui, car ici, le four est dangereux : en l'utilisant dans ta chambre, tu risques de contrarier le disjoncteur du bâtiment. Du coup, l'administrécheune organise des inspections régulières dans les chambres et ramasse ce qui est interdit par le règlement intérieur, bien entendu sans prévenir les méchants délinquants avant, ni après d'ailleurs, enfin si mais 3 semaines plus tard et par écrit. Ca rigole pas, hein...
Mais c'est bien au rythme de ces épisodes drôlesques que les semaines se suivent et ne se ressemblent pas ; l'absurdité nous déstabilise donc nous nourrit et je m'en réjouis. D'ailleurs, et je l'avoue, même s'ils ont osé ne pas m'accorder la seule chose que je désirais -chié quand même, c'était pas compliqué un hachis, purée (1), c'est pas comme si j'avais demandé une dinde fourrée à la truffe et aux airelles, bordel (2)- je ne peux que remercier le hasard des choix de m'avoir mener là. Ces deux mois ont vraiment été intéressants. Et tandis que je baignais dans la satisfaction mielleuse de ma propre existence, d'un seul coup arriva...

Noël

Ahhhh, les fêtes de fin d'années : nourriture abondante, famille, cadeaux, rires... mais cette année, la mayonnaise bien grasse ne prend pas avec moi. Diantre, serais-je en train de grandir ? Infamie, où donc est-elle passée, l'insouciance de mon enfance ? Dans mon enfance ? Oui c'est pas faux. Bref, tintements de verres, ferreros rochers, bonne année, Jean-Pierre Foucault à la télé, la période de Noël c'est... comme d'hab. Bien heureusement et par une logique immuable, les vacances s'effaçèrent doucement, faisant place à...

La nouvelle année

Et là... c'est le drame. De retour à Lost City, plus rien ne va plus. Malgré ses rondeurs confortables, la routine qui s'est déposée sur mon quotidien m'inquiète. Patauger dans les douches parce qu'elles sont bouchées ou contempler le plafond des toilettes qui fait son intéressant par terre, ça ne m'égaie plus. Et bien pire encore : mes compagnons, ces âmes aussi malades que la mienne qui, dans un même élan me tourmentaient et m'animaient, m'encombrent franchement désormais. Déstabilisée pour la première fois depuis mon arrivée ici, une phrase commune me passe alors par l'esprit : c'est la vie...


Et bien oui, les amis, les choses changent et c'est ainsi. Si Natou ne semble plus faire corps avec ce lieu devenu un peu fade à ses yeux, que l'on ne s'y détrompe pas : il y eut, il y a et il y aura toujours des choses à dire sur

LOST CITY

(juste derrière le pays de Candy, à gauche après la déchetterie)


(1) : "purée", en particulier en Provence, est parfois employé pour suggérer une forte contrariété, passagère toutefois.

(2) : ça rime. Je suis fière.