01 avril 2006

Je comprend mieux pourquoi


J'ai fait un tour en ville ce matin. Il y avait du monde et un peu d'électricité dans l'air.

Au marché, un homme déguisé (en vache ?) joue mal de la trompette mais se fait encourager par un groupe de gens qui applaudissent. Je suis sur le trottoir d'en face, ça me fait rire, une femme qui marche à côté a vu la même chose que moi, me regarde et sourie.

Je m'arrête devant une vitrine de chaussures puis je me retourne et un jeune homme me fait face, il est un peu trop près et il me dit avec beaucoup de vivacité et d'attention bonjour ça va comment tu vas ? Je répond timidement je vais bien merci en accélérant un peu la marche, je crois qu'il est un peu fou, enfin c'est un mot fort mais son regard est allumé.

Et puis je marche vite (j'aime bien) et je dépasse un autre homme qui parle très sérieusement à une personne imaginaire sur sa gauche, il a peut-être un kit piéton mais non, son regard est grave mais il est totalement absorbé par ce qu'il dit.

Je marche, une mendiante est assise à même le sol et nous regarde, nous les passants pressés, et nous interpelle, monsieur s'il vous plaît madame, avec un regard à moitié sincère et un accent à peine étranger, ça me fait sourire, ce n'est pas drôle pourtant.

A Monoprix, je passe à la caisse, la dame qui encaisse mon achat est d'origine asiatique, elle me parle de la musique dans le magasin qui est trop forte, en plaisantant elle dit à une collègue que ce chanteur, il crie, lui, en plus, et sa collègue semble être douce, elle plaisante aussi parce que si sa fille était là, elle serait ravie d'entendre son chanteur préféré envahir l'espace beauté, librairie et sous-vêtements.

En sortant du monoprix, il pleuviotte, je ne sais pas où je vais alors je me colle au mur pour y réfléchir et je regarde à gauche, il y a un homme agé dans la même position que moi mais sa canne le tient bien droit, lui, et il porte des lunettes sombres et un chapeau de cow-boy et il regarde droit devant lui, sans bouger, sa barbe est grise et il ne sourit pas. Je me dis qu'il est aveugle mais je n'en sais rien après tout.

Je décide de rentrer chez moi, à droite un homme aide une jeune fille en chaise roulante électrique à monter sur le trottoir, pourtant elle est bien sur un passage clouté mais le trottoir est mal fait, elle a besoin d'aide pour y monter et je me dis que pour elle, le fait de traverser un passage piéton, même si c'est à elle de passer, même s'il n'y a aucune voiture qui arrive, c'est compliqué.

Je traverse là où il n'y a pas de passage piéton. Un homme arrête sa voiture devant moi pour me laisser passer. Sur le trottoir d'en face, une femme agée, voilée, hésite à traverser, n'ose pas, alors je ralentis mon pas pour que l'homme dans la voiture la voit et ne redémarre pas tout de suite, elle me croise et je lui souris pour lui dire qu'elle peut y aller et elle me rend un sourire plus large que le mien, ça me touche. Tout ça s'est déroulé en moins de cinq secondes.

Je passe en plein milieu du marché, les gens ne me paraissent ni gais, ni tristes, ils sont là et c'est tout. Et c'est ça aussi la vie, non ? Vivre et c'est tout.


Epilogue :

Des corps comme moi, qui ont besoin de manger et de boire. Des têtes qui pensent, toutes.

Une vie, celle d'une seule personne, c'est fort, quoiqu'on fasse de la sienne. Alors croiser des dizaines de vies, comme ça, en quelques minutes, c'est vraiment puissant.

Aujourd'hui, dans la rue, je me sentais comme tout le monde, avec une vie ni meilleure, ni moins bonne, juste différente.

Voilà.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cela me fait penser à moi et à un film qu'il faut qu'on aille voir: le dernier de dupontel : "enfermés dehors" ... ça peut être encore un nouvelle vision de voir les choses